Martin Auer: L'Étrange guerre, Histoires pour l'éducation à la paix |
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Serpent étoiléPlease share if you want to help to promote peace! Traduit par Régine Carré et Christian LassalleCette traduction n'a pas encore été relue |
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Je suis ici. Je danse. Nous dansons en formant une grande file indienne, parés en l'honneur du dieu. Bientôt nous serons près d'Huitzilopochtli, bientôt nous accompagnerons le soleil dans le ciel. Nous étions des guerriers, nous sommes des prisonniers. Nous dansons cette longue farandole, devant se trouvent les sacrificateurs. Nous dansons cette longue farandole et tombons l'un après l'autre, nous sommes l'offrande faite aux dieux. Bientôt ils me plongeront à moi aussi le couteau d'obsidienne dans la poitrine, mon sang coulera sur la pierre du sacrifice et ils arracheront mon cour. Mon sang sert à nourrir les dieux. Mon sang sert à nourrir Huitzilopochtli, le soleil. Je danse. Ils m'ont donné du pulque à boire, maintenant je suis léger et je danse. J'ai d'abord été triste de ne pas avoir fait d'ennemi prisonnier. Mais maintenant je me sens léger: grâce à moi la terre sera sauvée, mon sacrifice apaisera les dieux, ils ne détruiront pas la terre. Je monterai vers Huitzilopochtli, je l'accompagnerai dans le ciel. Et ensuite je me transformerai en colibri, comme tous les valeureux guerriers qui sont tombés au combat, qui furent sacrifiés pendant la bataille. Je volerai de fleur en fleur et serai toujours joyeux, aussi longtemps que la terre existera. Cela a toujours été ainsi et il faut que cela soit ainsi. Je danse et je me rapproche de plus en plus de la pierre du sacrifice. Je danse et en dansant je me souviens: Je suis né le premier jour du mois de l'ocelot et c'est ainsi que le destin m'a réservé la mort de prisonnier de guerre. Quand je suis venu au monde la sage-femme m'a dit: "Cher fils, sache que ta maison n'est pas ta maison natale, car tu es un guerrier, tu es un quecholli et la maison dans laquelle tu es venu au monde est simplement ton nid. Tu es fait pour rafraîchir le soleil avec le sang de tes ennemis et pour nourrir la terre avec leur corps. "C'est ainsi que sont salués tous les garçons. Si j'avais été une fille, elle aurait dit: "Tu dois être dans la maison, comme le cour dans le corps. Tu ne dois pas quitter la maison, tu dois être comme la cendre dans le foyer." Il y eut beaucoup de discours lors de ma naissance, des parents et des amis sont venus et on demanda au devin quel serait mon destin. Il fixa le jour de mon baptême et ce jour-là je fus plusieurs fois aspergé d'eau et la sage-femme dit les mots suivants: "Prends et reçois, car c'est par l'eau que tu vivras sur cette terre, par l'eau tu grandiras et tu te développeras; l'eau nous offre ce dont nous avons besoin pour vivre. "Ensuite ils me choisirent comme nom "Citlalcoatl", ce qui signifie: "Serpent étoilé". Pendant huit ans j'ai vécu dans la maison de mon père. Dès que j'ai su marcher et parler, il a fallu que j'aille chercher l'eau et le bois et que j'accompagne mon père au marché. Plus tard, j'appris à pêcher et à naviguer. Mes soeurs, elles, apprenaient à filer et à tisser, balayaient la maison et broyaient le maïs sur la meule. A huit ans, mon père me conduisit au "Calmecac", à l'école du temple et non à l'école ordinaire des guerriers. "Ecoute, mon fils", me dit-il, "Tu ne recevras ni honneur, ni considération. Tu seras négligé, méprisé et dégradé; chaque jour tu couperas les épines d'agaves, pour faire pénitence. Il faudra que tu te piques aux épines et que tu donnes ton sang en offrande et la nuit on te réveillera pour que tu te baignes dans de l'eau froide. Endurcis ton corps dans le froid, et quand la période de jeûne arrivera, ne l'interromps pas et ne laisse rien voir de tes souffrances, quand tu jeûneras et que tu feras pénitence.
A l'école du temple, j'ai appris à être un homme. on exigeait de nous des sacrifices et le renoncement à soi-même. La nuit dans la montagne il fallait offrir aux dieux de l'encens ainsi que notre sang. La journée il fallait travailler dur dans les champs du temple. Le moindre manquement était sévèrement puni. Parfois je pleurais et je pensais combien il est difficile d' être un guerrier et un homme. Puis avec le temps je devins plus fort. Et je méprisais les garçons qui fréquentaient l'école ordinaire des guerriers. Il leur fallait couper du bois, nettoyer les fossés et les canaux ainsi que labourer les terrains de la commune. Mais au coucher du soleil ils allaient tous au "Cuicacalco", la maison du chant, et dansaient et chantaient là-bas jusqu'à minuit. Ils couchaient avec des filles avec lesquelles ils n'étaient pas mariés. Ils ne fréquentaient que des guerriers dont ils admiraient et voulaient imiter les actes. Ils n'avaient aucune idée des choses élevées, de la science, des arts et de la vénération des dieux. Nous les élèves du Calmecac, nous étions promis à des tâches assez élevées, nous pouvions devenir prêtres ou fonctionnaires. C'est à l'école du temple que j'appris à me contrôler et à être dur. Mais j'y appris aussi à parler convenablement et à saluer, j'y appris les coutumes qui régnaient à la cour de l'empereur ainsi que le comportement à avoir avec les fonctionnaires et les juges. J'appris également l'astrologie et la signification des rêves, à compter les années et le calendrier des prédictions. J'appris à peindre les signes et les images pour les nombres et les noms et à déchiffrer les écritures de nos ancêtres. Et j'appris les chants sacrés de notre peuple, les chants par lesquels on honore les dieux et les chants qui racontent l'histoire des Aztèques. car nous sommes un grand peuple puissant et nous sommes craints par tous les peuples de la terre. Il y a bien longtemps, nous sommes venus de Aztlan, notre première patrie, qui nous a donné notre nom. Les légendes racontent qu' Aztlan était entouré d'eau et que nous avons vécu là-bas comme pêcheurs. Au début, nous étions pauvres, nous nous vêtions de peaux de bêtes et n'avions rien d'autre que des flèches et des arcs et des lattes pour nos javelots. Nous n'étions rien de plus que les habitants de la forêt qui habitaient au Nord de notre empire. Quatre prêtres nous dirigeaient portant un coffre fait de joncs. Dedans il y avait notre Dieu, Huitzilopochtli, qui leur parlait et leur disait ce que nous devions faire. Après avoir quitté Aztlan, notre dieu nous dit que désormais il fraudait que nous nous appelions les "Gens de la Lune", les Mexicains. Quand nous trouvions un endroit favorable, nous restions peut-être quelques années. Nous semions du maïs, mais nous ne restions jamais suffisamment longtemps pour pouvoir le récolter. La plupart du temps nous nous nourrissions de la chasse, de cerfs et de biches, de lapins, d'oiseaux et de serpents et de ce qui poussait sur la terre. Mais notre dieu nous promit: "Nous nous installerons et nous serons sédentaires, et nous conquerrons tous les peuples du monde; et véritablement je vous le dis, je ferai de vous des seigneurs et des rois qui régnerez sur tout dans ce monde. Vous régnerez et aurez d'innombrables vassaux, qui vous paieront leur tribut et vous apporteront d'innombrables pierres très précieuses, plus de l'or, des plumes de quetzal, des émeraudes, des coraux, des améthystes, et vous vous en parerez. Vous devez avoir également toutes sortes de plumes et du cacao et du coton dans de nombreux coloris. Vous vivrez tout ceci !" Beaucoup disent qu'Huitzilopochtli n'a pas été notre dieu dès le début. Notre tribu se composait de sept clans, et chaque clan tenait des conseils pour régler ses propres affaires et choisissait ses propres chefs. C'est ainsi qu'ils disaient que chaque clan avait eu son propre dieu. Or Huitzilopochtli était le plus grand parmi eux , le dieu du soleil et de la guerre. Nous traversâmes beaucoup de pays, maints d'entre eux étaient désertiques et non habités, d'autres étaient habités, et nous étions obligés de nous battre avec les habitants. En maint endroit, nous restions relativement longtemps et construisions un temple à notre dieu. Mais nous voulions aller toujours plus loin. Souvent nous étions obligés de laisser nos vieux sur place, quand nous partions. Parfois aussi des groupes se séparaient de notre tribu et prenaient une autre direction. En contrepartie d'autres se joignaient à nous, des chasseurs qui n'avaient encore jamais vécu dans des villages. Nous arrivâmes enfin dans ce beau pays qui s'étend entre les montagnes qui porte aujourd'hui notre nom, le nom des Mexicains. Il s'étend sur un plateau au-dessus de deux mers, protégé et entouré de montagnes. Ici c'est le règne permanent du printemps. Ici il ne gèle que rarement, et quand il fait très chaud en été, les nuits restent quand même fraîches. Les sources des montagnes alimentent le pays en eau et au fond de la vallée il y a cinq lacs frais entourés de villages et de villes. Ici il y avait eu jadis un puissant empire, l'empire de Tula, la ville du dieu Quetzalcoatl. Or, Quetzalcoatl, le dieu des arts et du calendrier, avait quitté sa ville et l'empire s'était effondré. Les villages et les villes au bord de la lagune étaient de taille modeste et n'avaient pas de maître commun. Chaque peuple vivait pour lui-même dans sa ville avec ses propres coutumes et ses propres dieux.
Nous trouvâmes un lieu où nous installer, appelé la colline aux sauterelles, "Chapultepec". Là nous choisîmes pour la première fois un chef unique pour toute la tribu, car il fallait souvent faire la guerre avec nos voisins et nous avions besoin d'un chef expert en guerre. Nos voisins étaient inquiets de nous voir nous installer et nous reproduire : ils nous attaquèrent. Nous nous défendîmes bien, pourtant quand ils furent trop forts ils nous chassèrent. Notre chef fut fait prisonnier et sacrifié et nous dûmes nous soumettre à nos voisins. Les seigneurs de Culhuacan nous indiquèrent un endroit à deux heures de leur ville qui grouillait de serpents. Nous dûmes vivre là-bas, car ils avaient peur de nous et ne voulaient pas nous avoir à proximité. Alors nous nous mîmes à attraper les serpents et à les faire rôtir, car notre longue errance nous avait habitués à surmonter nos dégoûts et c'est pourquoi ils nous appelaient "mangeurs de serpents". Pourtant il nous respectaient, car nous avions survécu là où personne d'autre ne pouvait survivre. C'est ainsi que nous pûmes bientôt faire du commerce avec eux, ils épousèrent nos filles et nous les leurs et nous fûmes en parenté. Lorsqu'ils firent la guerre avec leurs voisins, ils nous appelèrent à l'aide et nous nous fabriquâmes des armes et les sauvèrent. Or lorsqu'ils virent à quel point nous étions de bons guerriers, ils eurent peur de nous et ne nous remercièrent pas. Alors nous leur fîmes la guerre. Nous fûmes obligés de fuir et allâmes à Acatzintlan. Là-bas nous nous fîmes des radeaux avec nos boucliers et nos javelots et traversâmes l'eau en direction d'une petite île sur le lac. C'est là qu'apparut Huitzilopochtli à l'un de ses prêtres et il lui dit que nous devions trouver un figuier de Barbarie sur lequel serait posé un aigle. Cette place devrait s'appeler le "lieu du fruit du cactus", Tenochtitlan, et là nous devions fonder une ville. Nous avons cherché et trouvé l'aigle posé sur le cactus, consommant l'un des fruits rouges du cactus de même que le soleil consomme les coeurs des guerriers. Alors nous avons découpé dans le sol des morceaux de terre recouverte d'herbe et les avons empilés pour former une colline sur laquelle nous avons érigé un petit temple en roseau, dédié à Huitzilopochtli. "Ici", nous dit Huitzilopochtli, "C'est ici que nous nous rendrons maîtres de tous les peuples, de ce qu'ils possèdent, de leurs fils et de leurs filles. C'est ici qu'ils nous serviront et qu'ils paieront leur tribut; c'est en ce lieu que sera construite la célèbre ville qui est destiné à devenir la reine et la souveraine de toutes les autres, où nous recevrons un jour tous les rois et princes qui seront obligés de venir pour rendre hommage à la ville la plus puissante." Ainsi nous étions à nouveau dans un endroit entouré d'eau, de même que notre ancienne patrie Atzlan. A l'instar de ce que nous étions habitués à faire, nous partageâmes la ville en quatre parties, selon le nombre sacré. La ville avait quatre quartiers, et chaque quartier était partagé en sous-districts qui s'appelaient calpulli. Chaque calpulli appartenait à un clan et avait son propre temple pour le dieu de la famille. La campagne appartenait à tout le clan et était seulement prêtée à chaque famille. Ici il y avait des oiseaux et des poissons en abondance. Pourtant, comme le territoire était limité, nous avons planté des jardins sur l'eau. Nous avons tressé des cloisons en roseau et étendu entre ces cloisons des plantes aquatiques et de la boue jusqu'à ce qu'elles émergent de l'eau. Ensuite nous avons pu planter sur cette assise des haricots et du maïs. Au bout de quelques années il y eut une dispute et une partie de la tribu déménagea et fonda Tlatelolco sur une île voisine. C'est ainsi que nous avons vécu entre les roseaux et les joncs sur notre île et nous n'avions ni bois ni pierre. Depuis notre départ d'Atzlan deux cents ans s'étaient écoulés. Nous ne nous soumîmes à personne, car notre ville se trouvait aux confins de trois régions, celles des Tépanèques, des Acolhua et des gens de Culhuacan, qui étaient établis tout autour du lac. Nous allions sur leurs marchés et faisions du commerce avec eux. Nous leur apportions des poissons, des grenouilles et d'autres animaux aquatiques et ils nous donnaient du bois et des pierres pour nos maisons et nos temples. A la mort de notre chef et prêtre suprême Tenoch nous avons demandé au souverain de Culhuacan de nous donner un maître, car les Mexicains étaient méprisés et insignifiants et nous pensions que le fait d'avoir le fils d'un grand prince comme seigneur augmenterait notre prestige. Nous le priâmes de nous donner pour Prince Acamapichtli qui était le fils d'un Mexicain et d'une Princesse culhua. Mais il était également en parenté avec les Acolhua. Or Tlatelalca choisit pour maître l'un des fils du chef des Tapanèques, ce qui fit que nous eûmes des liens familiaux avec tous les états entourant le lac. Acamapichtli régnait paisiblement, il fit construire des maisons, des jardins aquatiques et des canaux. De tous les peuples qui entouraient le lac, les Tepanèques étaient les plus puissants. Ils faisaient la guerre contre d'autres villes et quand ils les avaient vaincues, ils exigeaient un tribut de leur part. Quand leur puissance s'accrut, nous fûmes également obligés de leur payer un tribut et de faire la guerre à leurs côtés quand ils l'exigeaient. Quand notre maître Acamapichtli mourut, nos dirigeants choisirent son fils Huitzilihuitl, plume de colibri, comme successeur et celui-ci épousa une petite-fille du souverain des Tepanèques. Ainsi notre situation s'améliora et les Tepanèques durent nous respecter. Huitzilihuitl fit la guerre avec les pays du sud où il y avait profusion de coton. C'est ainsi que les Mexicains obtinrent leurs premiers vêtements en coton, car jusqu'ici ils n'avaient connu que les grossières étoffes en fibre d'agave. Ensuite il conquit Cuauhtinchan, Chalco, Otumba, Tulancingo et d'autres villes. Il entra en guerre contre Texcoco. Son fils Chimalpopoca fut choisi pour lui succéder. Il mit un terme à la guerre contre Texcoco et conquit la ville. Le souverain des Tepanèques donna la ville aux Mexicains et ils durent nous payer leur tribut. Mais nous devions toujours payer notre tribut aux Tepanèques. Cependant lorsque le souverain des Tepanèques mourut, nous ne voulions plus être des sujets. Notre ville s'était agrandie et nous cessâmes de vivre dans des huttes et nous construisîmes des maisons en pierre. Nous ne voulions plus continuer à servir les Tepanèques. Certes les petites gens, les paysans avaient peur de la guerre. Car ils avaient appris à connaître la puissance des Tepanèques. Les dirigeants - c'étaient les parents du souverain, les prêtres et les chefs des guerriers - dirent alors: "si nous ne gagnons pas cette guerre, alors nous nous livrerons à vous, vous pourrez alors vous venger de nous et nous laisser dépérir dans des prisons crasseuses." A cela le peuple répondit: "Et nous promettons de vous servir et de travailler pour vous, de construire vos maisons et de vous reconnaître comme nos vrais seigneurs, si vous deviez gagner cette guerre." C'est ainsi que nous avons conclu une alliance avec ceux de Texcoco avec lesquels nous avions fait la guerre avant et nous nous sommes battus contre les Tepanèques. Nous avions assiégé leur ville pendant cent quatorze jours. Ensuite nous l'avons conquise. Son souverain Maxtla fut sacrifié et son coeur extrait de sa poitrine. Ensuite il fut enterré, comme il sied à un chef. Dès lors les Mexicains s'étaient octroyé un territoire important. Ce territoire fut alors partagé. Et selon l'accord entre les dirigeants et le peuple, les souverains et les dirigeants reçurent la plus grande partie du territoire, mais les associations des clans en reçurent très peu, suffisamment pour pouvoir maintenir leurs temples. Mais certains disaient qu'il n'y avait jamais eu d'accord entre le peuple et les dirigeants et que seuls les dirigeants l'avaient conçu. Le peuple dit que c'était injuste et qu'auparavant tout le territoire avait appartenu à toute la tribu, et que tous avaient eu le même droit. Mais pouvaient-ils se défendre? Les guerriers avaient gagné la guerre et agrandi l'empire. Et qui devait détenir le pouvoir dans le pays? Les paysans qui tirent un peu de maïs de la terre? Ou les guerriers qui agrandissent l'empire et rendre d'autres peuples redevables du tribut, et qui veillent à ce qu'ils y ait toujours des prisonniers à sacrifier lors des fêtes afin que les dieux ne se mettent pas en colère contre nous et ne détruisent pas le monde ? Lorsque nous étions encore en chemin et que nous étions pauvres et méprisés, là nous étions tous égaux, c'est vrai. Chacun était à la fois guerrier et paysan. Mais comment pouvait-on mener des guerres et conquérir des villes, si tout le monde parlait en même temps et si chacun voulait être conseiller? Et les prêtres, les juges, les fonctionnaires doivent-ils peut-être eux aussi gratter le sol? Comment pourraient-ils alors effectuer leur service? Non, c'est bien comme ça: chaque jeune homme fait son service militaire. Quand le garçon a dix ans, on lui coupe les cheveux et il ne lui reste plus qu'une touffe de cheveux sur la nuque. Celui qui fait un prisonnier pour la première fois, même si c'est grâce à l'aide de quelques camarades, a le droit de couper cette touffe de cheveux. Il est alors un Lyac. Mais ce n'est que lorsqu'on a réussi à prendre seul quatre guerriers ennemis que l'on devient un Tequia. Et un Tequia n'a-t-il pas le choix de sa fonction et des honneurs? Un Tequia reçoit une partie des impôts que le souverain prélève, il a le droit de porter des plumes et des bracelets en cuir, il peut devenir chevalier du jaguar ou chevalier de l'aigle. Un Tequia peut être choisi par l'empereur pour des fonctions relativement élevées. Mais celui qui ne parvient pas à devenir un Tequia au bout d'une ou deux campagnes guerrières doit aller travailler dans les champs. Il doit payer des impôts et est appelé pour les travaux publics, il doit nettoyer les rues ou réparer les digues. Il doit travailler dans les champs des hauts fonctionnaires. Il n'a le droit de porter ni vêtement de coton ni parure. N'est-ce pas juste? Cependant celui qui se distingue comme guerrier et comme fonctionnaire se voit offrir des vêtements, des parures et du terrain. Les autres sont obligés de travailler pour lui et de remplir ses greniers de maïs. Nous sommes devenus un grand peuple riche. Sur le marché on trouve du maïs, des légumes, des volailles, les femmes préparent sur des petits feux des plats variés qu'on peut leur acheter, des marchands offrent des étoffes, des chaussures, des boissons, des peaux de bêtes, de la vaisselle, des cordes, des pipes et toutes sortes d'outils. Les pêcheurs apportent à la ville des poissons, des escargots et des crabes du lac. Nos marchands apportent des contrées les plus lointaines du jade vert et des émeraudes, des carapaces de tortues et des peaux de jaguars, de l'ambre et des plumes de perroquets. Les villes que nous avons conquises nous paient chaque année un tribut de 52.000 tonnes de vivres, les colonnes des livreurs sont infinies. Ceux qui sont redevables du tribut doivent livrer 123.000 vêtements de coton, 33.000 ballots de plumes. La province Yoaltepec nous envoie chaque année quarante cerceaux d'or de l'épaisseur d'un doigt, Tlachquiauco doit livrer quarante calebasses pleines de poudre d'or. De Xilotepec viennent chaque année 16.000 robes pour femmes, 16.000 robes pour hommes, deux costumes de guerriers avec boucliers et couvre-chefs et quatre aigles vivants. De Tochpan vient le poivre, de Tochpetec viennent le caoutchouc et le cacao. Les provinces nous livrent le maïs, les céréales, le cacao, le miel, le sel, le poivre, le tabac, les meubles et la vaisselle. Elles doivent faire venir l'or des côtes du Sud, la turquoise et le jade de la côte Est. Huaxtepec livre le papier, Cihuautlàn les coquillages. N'avons-nous pas rassemblé beaucoup de villes isolées en un grand empire? Nos tailleurs de pierres qui font des parures à partir des pierres précieuses ne viennent-ils pas de Xochimilco? Et les tresseurs de plumes qui font les merveilleux chapeaux, ne sont-ils pas d'Amantlan? Ne les avons-nous pas vaincus et n'avons-nous pas fait disparaître leurs maisons dans les flammes? Mais c'est du lointain Sud que viennent les orfèvreries. Notre empereur Moctezuma est entouré de 3000 serviteurs dans son palais, sans parler de ses aigles, de ses serpents et jaguars, qui mangent 500 dindons par jour. Pendant le mois Uey Tecuihuitl, quand les pauvres ont mangé toutes leurs réserves, l'empereur ouvre ses greniers et fait distribuer au peuple de quoi boire et manger. 700.000 personnes vivent dans la ville de Mexico- Tenochtitlan, nous avons fortifié les îles, construit des digues dans l'eau, des ponts au dessus des canaux, des temples et des Palais, un aqueduc, qui apporte de l'eau potable de Chapultepec à la capitale. Quand l'empereur fait construire un temple, les villes lui livrent les pierres et le calcaire. L'empereur a la charge de nourrir les milliers de travailleurs qui érigent le temple pour les dieux. Nos empereurs ont fait ériger des jardins et des bains et rassemblé ici des animaux et des plantes de tout l'empire. Quand l'empereur fait une fête, il invite les souverains des villes ennemies et il leur offre des parures et de riches vêtements. Qui est aussi riche, aussi puissant que nous, les Mexicains? Lorsque notre empereur Ahuitzotl a écrasé le soulèvement des Huaxtèques, les festivités qui s'ensuivirent durèrent quatre semaines. Rien que les sacrifices des prisonniers durèrent quatre jours! Aucun peuple n'est plus grand, aucun peuple n'est plus fort que le nôtre! Mais: Comme ils disent, nous n'habitons pas ici, de même nous ne sommes pas venus pour rester ici. Oh, je dois quitter les belles fleurs. Je dois descendre pour chercher l'au-delà. Oh, mon coeur a été fatigué l'espace d'un instant: les belles chansons ne nous sont que prêtées. Les dieux ont besoin d'offrandes. Nous devons nourrir les dieux de nos offrandes, afin qu'ils n'anéantissent pas le monde. Je danse. Les tambours battent, les flûtes laissent entendre leur complainte, je danse. De plus en plus vite, je danse , de plus en plus frénétiquement. Je serai bientôt près de Huitzilopochtli. Non, je suis moi-même Huitzilopochtli, est-ce que je ne porte pas son habit, ne suis-je pas habillé comme lui? Voici le prêtre avec le couteau en pierre noire. C'est à mon tour. Commentaires de l'auteurDes utilisateurs inscrits participent à la rédaction du contenu de ce site. Si vous remarquez toute trace d’insulte ou de spam, veuillez contacter l'auteur. |